Archives Mensuelles: février 2013

Henri Guillemin

L’histoire à l’école

Je ne sais pas si vous vous souvenez de vos cours d’histoire d’école primaire et d’après. Les miens étaient donnés par des instituteurs de province profonde proches de la retraite, un moment dans la vie où il est d’usage d’user des conservateurs. J’éprouve un certain malaise à me souvenir de l’un d’eux qui passait les heures d’éducation physique à faire marcher sa classe au pas. Au sens premier de l’expression. Pour les garçons, ça vous facilitera le service militaire. J’ai eu la chance d’y échapper, cet enseignement ne m’a donc servi à mesurer cette chance.

Décidément, je me demande de plus en plus si mon école ressemblait aux autres, mais j’espère sincèrement que c’était le seul recueil de détraqués du béret, de molestateurs pervers, d’obsédés du châtiment corporel pour « oubli de remettre son cahier du jour » et de pedo-sadiques.

Revenons à l’histoire. Pardon, l’Histoire (parfois, on ne sait plus). Belle linéarité d’une mythologie d’un territoire et d’un peuple français qui est merveilleusement, et de toute éternité, sont délimités par des frontières naturelles et parfaites, rendant toute conquête ou amputation intellectuellement inconcevable. Et puis, ces fameux Gaulois, qui sont devenus des Gallo-Romains pour assurer la césure, ce bon Vercingetorix vaincu. Cette succession de rois qui ont su conserver intacte cette chose éternelle qu’est la France (métropolitaine, il s’entend). La Révolution fut salutaire (malgré le mérite du Roi Soleil et de Colbert) car elle permit l’avènement du grand Napoléon. Après cela, l’histoire de France s’était écoulée au rythme de la menace prussienne, puis allemande.

Des cours d’histoire pour les plus grands

Ce n’est qu’à l’Université que, au hasard des options choisies, on commence à donner un peu de relief à tout ça. L’histoire-mythe enseignée dans les écoles se mue tardivement en Histoire scientifique (même si l’on parle de science molle). L’un de ces historiens s’appelle Henri Guillemin. Dépouillé de tout pré-supposé, il a plongé au fond des sources qu’il ne se contente pas de citer, c’est là qu’intervient l’étude critique. Les sources textuelles ne sont jamais neutres elles-mêmes, une loi de prohibition répétée ne reflète aucunement la réalité, bien au contraire, elle montre l’impuissance du pouvoir à l’appliquer. Ce qui reste de lui de plus accessible sont des conférences (audio ou video) que l’on peut retrouver sur la toile.

La seule vidéo présentée ci-après donne la juste mesure de ce que l’on en attendra.

C’est une bien triste conclusion d’une quinzaine d’entretiens rondement menés et argumentés.

Quelques autres idées reçues seront dare-dare battues en brèche par l’historien. On pourra y voir une lecture de l’histoire emprunte de marxisme (liens ci-dessous). Certes, le degré zéro, la neutralité totale du travail historique serait une illusion. Mais ce qui mène M. Guillemin à ses conclusions sont des citations, écrits et propos de personnages historiques que l’on ne pouvait taxer de gauchisme. La conclusion est orientée, mais les sources qui nous y conduisent ne le sont pas forcément. D’autre part, son analyse a l’honnêteté de reconnaître les torts des personnages qu’il loue.

Propos sur la neutralité en histoire ou en politique

S’il arrive souvent aux conservateurs de taxer de gauchisme certains intellectuels, s’il arrive souvent aux médias de renvoyer dans l’extrême-gauche toute idée qui sort du prêt-à-penser ambiant, il ne faut pas oublier que ceux-là même qui semblent évacuer vers l’extérieur des pans entier de la pensée, eux-aussi sont partisans, parfois sans le savoir, d’un conservatisme, c’est-à-dire d’un attachement aux idées en vogue. Où ce trouvera le milieu ? Peut-être que ce degré zéro n’existe pas.

Être neutre, c’est davantage concéder une modération sur les idées courante (ethos) qu’une absence totale de parti-pris. Pour reformuler, la neutralité n’existerait pas en elle-même, les idées neutres seraient celles qui ne dépareillent pas avec l’idéologie dominante et intériorisée par tous. Pour diversifier le lexique, je pourrais me risquer à écrire que la neutralité de la pensée (historique, politique), pour le penseur lui-même, n’est que la conjonction de l’ethos (culture du groupe social d’appartenance) et des habitus (conditionnement social).

Trêve de structuralisme. On retrouvera sur Youtube une série assez longue de vidéos et enregistrements audio. Le site rts.ch fournit également des enregistrements. De Jeanne d’Arc à Petain en passant par la commune, il nous fait redécouvrir l’histoire de France et nous explique ce qui est trop laid pour être raconté aux enfants dans les écoles. L’Histoire qui ne ment pas, elle, est toute faite de meurtres, de trahisons, de conflits d’intérêt et de prévarication. Défauts au titres desquels, des gens qui se connaissaient sans s’entretuer envoyaient se faire tuer par milliers des gens qui ne se connaissaient pas. Trop le dire ferait sûrement peser sur nos gouvernements récent des doutes qui ne feraient pas du bien aux taux d’abstention.

Henri Guilleminsecrets d'histoire

Changement d’époque, effet comique garanti ! Ne cherchez pas, tout est dans le sourire.

Risquons-nous à une conclusion

A l’heure où Stephan Bern nous livre ses Secrets d’histoire d’aristocrates faisandés et de noblillons prévaricateurs et débauchés, à l’heure où la principale source d’information des populations passe par cette vision d’une histoire en deux dimensions, une histoire qui colle au parterre des seules qualités de chacun, je suis heureux de vous faire part des quelques pépites qu’Henri Guillemin a laissés à la postérité. Mais l’Histoire n’a pas changé, les horreurs qu’il racontent se poursuivent et sont bien cachées derrière l’apparat des symboles et des mythes actuels.

La différence entre ces deux histoires-là, c’est que l’une singe la vision que nous nous faisons du passé, tandis que l’autre nous invite à comprendre le présent au moment-même où il commence à glisser, jour après jour, dans ce demi-oubli que l’on appelle l’Histoire. Demi-oubli car, la vérité peut être cachée, ce qu’il en restera, ce seront les traces laissées par des protagonistes qui, eux, ont un parti.

Quant à moi, quelques années après, je ne sens tout de même plutôt bien en l’écoutant.

PS. Nous pouvons trouver quelques liens sur ce sujet comme :
Une contre-critique, alimentée dare-dare par l’inusable Michel Onfrey
Un texte de Henri Guillemin reproduit intégralement
Tagué , , , ,

Sur le temps qui passe

Lorsque l’on vit dans la précarité, que l’on manque d’argent, il est difficile de conserver un rapport détendu au temps qui passe. Je me souviens de l’époque où j’étais étudiant-chômeur (lorsque la bourse sur critères sociaux me laissait sans travail pendant l’été), je revis cette sensation.

La prochaine paye

Voici quelques jours, j’ai entendu quelqu’un de mon entourage dire « tu recevras l’allocation logement rétroactivement, c’est la seule chose qui marche bien dans ce pays ». Il m’a une fois de plus froidement énervé.

Mais lorsque l’on dépend de l’aide sociale, que son compte est vidé de plus en plus tôt dans le mois, on se surprend à attendre la prochaine paye. On essaye de vivre petitement, faire des petites courses, mettre de l’essence par « livraisons » de moins de dix litres (livraison minimale : 5L) ; bref, je m’suis fait tout p’tit devant mon porte-monnaie, qui crie aïe quand je le touche (que Brassens me pardonne).

On met sa vie entre parenthèses en attendant le jour du virement prochain et on se dit que ce jour-là, on va pouvoir faire ses courses avec un petit extra. Les bonnes grosses courses pour plusieurs semaines.

Mais en attendant, nous ne sommes que le 16.

Le prochain travail

Sans vouloir aller trop loin, il se passe la même chose en cherchant du travail. Bien sûr, il y a le chômage consenti, la césure après un travail assuré. La mode de « l’année sabbatique » à la fin de ses études de commerce (à l’adresse des seuls gens de bien).

Rien de tout cela dans le chômage non consenti. Bien au contraire de l’épanouissement, on réduit sa vie, ses désirs, ses vacances, au plus petit dénominateur possible : manger pour pas trop cher, payer ses factures, chauffer avec parcimonie, essayer de rouler peu ou pas, ne pas être tenté par la consommation.

Le temps qui passe prend alors une saveur étrange. Impossible d’en profiter. C’est comme lorsque vous mangez un yaourt fraîchement périmé, ou la confiture dont on a retiré un peu de duvet vert. Il a toujours le même goût, mais un petit doute retient votre attention et vous empêche de profiter du temps qui passe.

Avec le chômage, c’est pareil. Le temps est toujours le même, il passe juste un peu plus lentement. Mais un petit truc, juste dans votre tête, vous empêche d’en profiter avec quiétude. Le chômage, c’est paradoxalement la présence du travail, mais en creux. Son absence le rend plus présent que lorsque le quotidien d’un salarié fait oublier la normalité de son existence.

Mais soit, quelques temps après, Mesdames Messieurs, je vais bien. Merci.

Tagué , , ,

Le médecin du travail

Enfin, c’est pas tout à fait « le » médecin du travail, c’est « mon » médecin du travail. Celui que je voyais tous les deux ans.

Première rencontre

D’abord, j’ai pensé qu’il ne m’inspirait pas plus que ça la santé, mon médecin. Bon, le teint jaunâtre, les yeux bien rouges, les traits émaciés, ça ne va pas à un médecin, même s’il ne soigne que le travail.

Plus tard, j’ai relativisé, je me suis dit qu’eux aussi, avaient le droit d’être malades. Je me suis toujours demandé : quand on est médecin, qui va-t-on voir pour ses petits bobos ?

Je voudrais bien le demander à Madame Jaddo (ou mon généraliste-que-j’aime-bien)  : qui allez-vous voir quand vous êtes pâles, quand une petite grippe vous vient, quand vous êtes patraques, quand une verrue vous colle au pied ?

Revenons au Docteur Henri. Ce n’est pas son vrai nom, mais il a une tête à s’appeler Docteur Henri.

Les premiers rendez-vous, tout s’est bien passé, il paraissait aux aguets de la petite santé mentale de ses patients. Bien attentif à poser des questions sur l’ambiance, la direction, etc… Je l’aimais bien, il avait l’air attentif. Enfin un médecin du travail qui ne me dit pas d’arrêter de fumer mes quatre clopes par mois à chaque rendez-vous, malgré mes maux de dos et mes yeux injectés de sang à passer huit heures par jour devant un écran. Bonne pioche.

700-256205-Diplôme de médecine légale du travail

La contre-visite médicale

Mais cette médecine-là du travail, elle marche bien, très bien, elle est même redoutable pour parler des problèmes qui n’existent pas. Vous me direz, quand on n’est pas difficile, on peut se contenter de ça. L’empathie, c’est peu, mais c’est déjà quelque chose. Ça rassure.

De l’eau est passée sous les ponts. On m’y a poussé dans l’eau et je ne suis noyé dans la souffrance au travail. Sorti de l’eau, il m’en restait des litres dans les poumons, je finis à peine de les cracher.

Je m’était rappelé des premiers rendez-vous. Pourquoi ne pas tenter d’y trouver de l’aide ? Je prends un rendez-vous.

Là, je me suis demandé : soit mon médecin n’aimait pas qu’on prenne un rendez-vous sans attendre les deux ans de la visite médicale obligatoire, soit mon médecin a subi depuis une trépanation qui l’a rendu tout changé de l’intérieur.

– Bonjour.

– Bonjour. Qu’est-ce qui vous amène ? Le contrôle technique obligatoire, c’est tous les deux ans.

– J’ai un petit problème au travail. Depuis bientôt un an, plus de travail… isolement… quand je parle de souffrance au travail, on m’engueule… blabla… dépression en vue… blabla… idées noires (sans réaction, j’en rajoute)… blabla… perdu 6kg (retrouvés depuis, merci)… blabla. Point [je pense que toute ma personne exprimait quelque chose de dur et pesant]

– Et qu’attendez-vous de moi ?

– Je suis en train de vous dire que mon employeur me harcèle, qu’il y a eu des précédents dans l’entreprise, que ma santé est en jeu et vous me demandez ce que j’attends de vous ?

– Alors quittez l’entreprise si c’est trop dur. Moi, je ne peux rien faire pour vous.

– Bonne journée.

– Merci, vous aussi.

Je me suis demandé s’il n’avait pas pris soin, dans le passé, des salariés de France Télécom-Orange. Je n’ai pas osé lui posé la question.

Bref, encore un praticien qui ne contribue pas à l’image de marque de sa spécialité. Médecine attachée à la seule prévention des dommages liés au tabac, aux risques psychosociaux, aux maux de dos voir même aux maladies urologiques. Le premier médecin du travail que j’avais consulté avait l’air inquiète du dépistage d’un peu de sang dans mes urines, mais ne semblait pas du tout intéressée par les sons stridents que nos casques de centre d’appels laissaient parfois échapper en plein dans nos jeunes oreilles. Mais, vous comprenez, on ne peut pas vérifier.

Que des maux deviennent une réalité et le spécialiste sombre dans la fadeur du  constat d’échec. Qu’attendez-vous de moi ? Finalement, il n’avait pas tout à fait tort. Il avait même franchement raison, peut être sa question faisait-elle écho à ses interrogations personnelles. Que dois-je attendre de mon travail ? Car, ce médecin-là ne pouvait pas soigner, il ne pouvait, semble-t-il, être autre chose que le témoin muet d’une maltraitance sourde et isolée. Fin de la consultation. Rideau.

Cette médecine du travail-là, c’est un contrôle technique qui dit toujours « oui ».

auto-depistage

Deux ans avant, il m’a aussi remis une fiche d’information sur « l’auto-dépistage » du cancer du testicule (la serviette autour du cou est indispensable). Je vous avoue que c’est perturbant car, après coup, je me demande si cette fiche ne comportait pas un message subliminal…

Une chose est sûre, même si le service de médecine du travail de l’hôpital, avec quelques internes dans des locaux presque insalubres (bat. chir. 2, sobrement), on fait bien mieux que Dr Henri dans bâtiment BBC flambant neuf en m’écoutant sans trop m’interrompre. L’empathie, c’est simple et ça change tout !

Mais quelques années après, avec ou sans médecine du travail, je vais mieux. Merci Docteur.

Tagué , , ,

Le présentéisme

Définition

J’aime bien les définitions, ça vous construit un sujet, la définition. Et puis, sans définition, on ne sait pas de quoi on parle. Alors, autant vous le dire tout de suite, www.cnrtl.fr n’offre aucune entrée pour « présentéisme ». Je vais alors essayer de faire mon petit travail d’académicien (même si je n’ai pas l’âge que je souhaite passer ma retraite ailleurs qu’à Paris).

Définition (essai) :

Subst. Masc.

ECON. Habitude d’un membre d’une organisation ou d’un salarié consistant soit à augmenter artificiellement le temps passé au sein de l’organisation, soit augmenter la perception par les autres, son volume de travail.

(j’ai essayé d’être concis)

Qui « aime » rester tard au travail ?

Le sens commun  répondrait « personne ! ». Et même à grands cris. On peut aimer son travail, beaucoup même, mais quand on y est depuis 9h du matin, qu’on y a passé huit heures, a-t-on encore envie d’y rester ? Non ! On a faim, on a des courses à faire, on a « Louloute » à retrouver ! Pour information… Louloute, c’est la copine de mon collègue. Lui, c’est Poussin.

Dans mon cas, à une époque où, en rentrant chez moi, je m’ennuyais quelque peu, il m’était arrivé de rester après l’heure, de flâner au bureau en attendant de prendre un dernier  café avec le chef. Aussi pour lui montrer que « j’en suis ».

C’est arrivé à un ami aussi. Il était dans une mauvaise passe, du coup, pour ne pas se retrouver seul chez soi, on reste au boulot.

C’est un cas, si on reste au travail, c’est qu’on s’emmerde après, plus qu’on ne s’emmerde pendant.

Qui choisit de rester tard au travail ?

Mes anciens collègues. C’est vrai, mais ça ne suffit pas. Une règle, paraît-il, domine le monde feutré des cadres français : il faut toujours partir après le chef. Dès qu’il a quitté le bâtiment : taillo !

Pas de cela en Allemagne. Haro sur le retardataire : il n’a pas su assez bien organiser sa journée de travail pour avoir fini à la fin. Pas de cela en France : au royaume de l’esbroufe, les illusionnistes du labeur sont rois.On passa sa journée à palabrer au téléphone, à courir les réunions, à manger des affaires au déjeuner, à se faire interrompre par chaque courriel.

Pauvre Martine, elle essaye de faire croire qu’elle bosse. Peut-être qu’en cas de tuile à l’examen, son professeur, indulgent, sera peut-être plus clément dans le bulletin scolaire.

martine présentéiste

Le but non avoué étant de justifier sa position, son poste, sa propre importance. Mais c’est dingue tout ce qu’il a à faire ! Impossible de supprimer son poste, qui ferait tout ce travail ? On ne se sépare pas de l’employé de l’année qui fait plein d’heures sup, hypra-motivé. On se sépare de moi*.

Mon collègue devait être de ceux-là. Toujours parti après tout le monde, et toujours pendu au téléphone, jamais le temps de souffler. J’ai découvert qu’il a fait une tâche tellement ennuyeuse que je ne l’ai faite qu’après trois mois d’inactivité totale ! Le « flag » ! Comme on organise son insolvabilité pour fuir ses débiteurs, on organise son indisponibilité pour faire fuir ses critiques.

Les conséquences du présentéisme

Je crois que le présentéisme devrait figurer au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Délétère pour les relations de travail, la barre de la présence est placée toujours plus haut, à qui mieux mieux. Mais le présentéisme n’est pas seulement un trouble en lui-même, mais peut être un symptôme d’un caractère obsessionnel. Sans aller jusqu’à la névrose obsessionnelle décrite dans cet article, on peut retrouver des personnalités orientées vers ce trouble sans pathologie identifiée. Mais la lecture du tableau pathologique du dernier lien me fait tout de même beaucoup penser à un ancien collègue.

D’où, l’obligation sociale pour les autres collègues d’assurer leur rang, de faire quand même un petit effort pour « s’impliquer ». Que se passe-t-il alors ? Tout le monde fait semblant de croire que rester tard est une qualité professionnelle, tabou généralisé du monde de l’entreprise.

Une dernière question reste en suspens : contamine-t-elle l’administration ? On peut le croire, alors qu’on ne peut que susciter des critiques à ne pas être dévoré par sa propre charge de travail, tout le monde leur saura gré de feindre l’accablement. C’est méchamment plus seyant !

*Quelques années après, je me sens bien. Merci.
Tagué , , ,